ROCHER: Yosemite Valley

Pourquoi y aller ?

Bon, je vais juste sauter cette partie là… La question ne se pose même pas!

 

 

Comment y aller ?

Le plus simple: atterrir à San Francisco puis trois heures de route.

Style de grimpe

De la fissure encore et toujours, quelque réglettes parfois qui permettent aux réfractaires du jam de s’en sortir quand même (mais pas toujours…). Les américains se plaignent souvent du manque d’adhérence dans les premières longueurs mais franchement, cela ne nous a pas choqué, ça reste du granit, rien à voir avec notre calcaire patiné !

Pour rassurer les phobiques de la renfougne, les inquiets de la cheminée et autres claustrophobes verticaux, seules certaines voies présentent les fameuses off-width et la plupart sont protégeables (mais pas toutes! Lisez bien le topo et prévoyez du gros !)

 

Période de grimpe

Avril-Mai et Septembre-Octobre-Novembre

 

Matos et Topo

Plusieurs topo existent, notre préféré : Rock Climbing Yosemite Valley: 750 best free climbs de Sloan, Barth, Bedinghaus, Campbell

Coté matos, pour la majorité des voies 3 jeux complets de camalot BD suffissent et un jeu de coinceurs. Selon les voies, un jeu de camalot offset peu s’avérer utile pour les fameux trous de pitons. Quelques aliens auraient été bien aussi mais on a pu faire sans.

Voir plus bas pour une liste de matos spécifique au Nose.

 

Hébergement

Ah, voilà le nerf de la guerre ! Car, sachez-le, à moins d’avoir prévu de passer tout votre séjour accroché sur un portaledge, il va falloir « filouter sévère » pour rester dans la Valley !

Concrètement la règle est la suivante: entre le 1er mai et le 30 septembre nous n’avons le droit qu’à 7 nuits dans le parc. Le reste de l’année, 15 nuits, sans compter les nuits en paroi. Par contre, vous pouvez passez autant de journées que vous voulez, à condition de sortir du parc chaque soir. Il y a environ 30-40min de route pour le premier pull-out hors du parc, où il est possible de dormir dans la voiture, sur le bord de la route (pas très glamour et souvent complet).

Dans le parc, il y a plusieurs camping qu’il faut réserver très très très longtemps à l’avance ou bien il y a Camp 4. Est-il vraiment nécessaire de décrire l’aspect mythique, historique et presque magique de Camp 4 ? Dans tous les cas, les longues heures de queue inévitables pour obtenir le précieux sésame valent le coup. C’est « the place to be » pour tout grimpeur, et non seulement pour vous immerger dans les réminiscences des mutants connus ou inconnus qui vous ont précédés mais aussi pour glaner toutes les infos indispensables pour réussir votre voie. Et, après une courte réflection, vous ne serez guère surpris de réaliser que LA grande question, LA grande inquiétude qui anime chaque feu de camp le soir avant de partir en big wall reste : « mais comment t’as prévu, toi, de faire caca???? »  Je vous laisse établir votre stratégie…

 

The « To-DO » List

En un mois de séjour nous n’avons pas fait le dixième des voies absolument à faire donc voici juste notre best of,  un échantillon des incontournables :

  • Serenity Crack + Son of Yesterday 5.10
  • Central Pillar of Frenzy, 5.9
  • Free Blast, les 10 premières longueurs de Free Rider, 5.11 (en dalle….)
  • The Nose
  • Astroman 5.11 (Pour sortir le fameux Harding Slot : Nous, dans le doute, on a pris une américaine, une vraie, juste au cas où… A part ça, il est vraiment conseillé de ne pas peser plus de 80kg…)
  • Separate Reality 5.12
  • Generator Crack 5.10

 

#1: le Harding Slot d’Astroman                                                     #4 : The Roof (au Nose)

#2: Serenity Crack                                                                         #5: L xx au Nose

#3: L1 au Nose

The Nose :

Il existe plusieurs stratégies pour faire un big wall. Nous avons choisi celle qui nous paraissait la plus simple et la plus proche de la grimpe que nous connaissons en grandes voies classiques. Nous avons donc commencé de bon matin, avec tout notre matos, par la première longueur pour finir trois jour plus tard, par la 30ème longueur, sans portaledge ni techniques d’artif plus compliquées que de tirer sur un point (Nous sommes passés par la Jardin Traverse et avons évité la Texas Flake et la King Swing pour grimper un maximum en libre)

Le gros problème sur le Nose est la surfréquentation et le risque de ne pas trouver de place sur les vires, ou de se retrouver coincés derrière d’autres grimpeurs vous empêchant d’arriver avant la nuit sur la fameuse vire. Nous avons donc été joueurs, préférant nous alléger des 10-12kg du portaledge au risque de devoir redescendre si nous ne pouvions dormir sur les camps. Et il faut dire que nous avons été à la fois très chanceux, un peu bêtes, un soupçon inconscients et très optimistes ! Bon, lorsque nous sommes partis le premier jour et que l’on s’est rendu compte que nous étions la seule et unique cordée sur l’intégralité des 1000m de la voie… On s’est tout même demandé si il n’y avait pas anguille sous roche (ou baleine sous gravillon) mais le coté optimiste a pris le dessus et nous sommes partis ! Après tout, les prévisions météo était bonnes (la dernière fois que nous avions vérifié…). Et effectivement, lorsque que les 40% de probabilité de pluie à partir de 15h pour notre troisième jour se sont transformées en 100% d’arrivée imminente d’une tempête dès midi, nous avons compris pourquoi nous avions pu profiter du Nose pour nous tous seuls…

Toutefois, pour être tout à fait exacts, il faut préciser que nous n’avons pas été entièrement seuls. Nous avons connu l’immense plaisir de nous faire grimper dessus, à deux reprises, par l’équipe Honnold-Caldwell qui s’entraînait pour le record de vitesse. C’est effectivement la petite phrase de Caldwell « Good luck for staying dry! », juste après Changing Corner, qui nous a mis la puce à l’oreille concernant l’évolution météorologique (oui, le coté optimiste était encore à la barre à ce moment là – ou bien le côté apeuré qui ne voulait surtout pas envisager une retraite sous l’orage par 25 rappels…).

Quoiqu’il en soit nous avons été chanceux :  le déluge ne s’est abattu sur nous que sur les dernières longueurs, nous n’avons passé qu’une petite demi-heure à démêler les cordes dans le vent et la pluie battante, sur le 30ème relais, le plus magique de la voie, le cul pendu directement au dessus des 1000m de vide. Pour la descente nous avons également été très chanceux, nous n’avons perdu q’une quarantaine de minutes à tourner dans le brouillard pour retrouver le chemin et nous avons même pu utiliser nos compétences de moniteurs de canyon pour descendre les dalles raides transformées en cascade par la tempête. Il n’y a eu qu’un seul petit moment de doute, lorsque la nuit s’approchait et que nous étions complètement trempés, glacés et perdus, au milieux des torrents d’eau s’écoulant sur le granit. Nous  avons alors commencé à envisager une fin peut être un peu moins sympathique que celle prévue avec des bières fraiches et un burger au village…  Mais la persévérance et l’optimisme eurent raison et nous avons heureusement pu arriver avant la fermeture du bar !

 

Plus concrètement, pour notre ascension voilà ce que nous avions prévu :

 

 

Matos pour grimper :

  • 2 cordes dynamiques de 70m en 9,8 (des Sterling, très bien). Une pour hisser, une pour grimper. En bon moniteurs de canyon nous voulions à la base une corde de hissage statique mais nous n’en avons pas trouvé au magasin de la vallée (très bien fourni mis à part ça) et la possibilité d’avoir une corde de secours en cas de tonche sur l’autre n’est pas mal en fait !
  • 1 lower out line de 30m statique en 6mm, pour retenir et décoincer le sac de hissage
  • 1 lower out line perso de 16m en 6mm, pour le second, dans les grands pendules des premières longueurs
  • 3  jeux complets de camalot jusqu’au n°3, 2 n°4 et 1 n°5
  • 1 jeu de camalot offset du 0,1 au 0,4
  • 2 jeux de coinceurs + 2 décoinceurs
  • 12 dégaines normales
  • 5 dégaines rallongées
  • 10 à 12 mousquetons à vis
  • 6 sangles dont 2 très grandes
  • 2 ATC
  • 3 poulies tractions + 1 (petite) poulie simple
  • 4 poignées jumar (2 droites et 2 gauches)
  • 2 étriers
  • 2 longes chacun
  • 2 paires de chaussons chacun

Bivouac et Autre:

  • 2 duvets (très importants: enveloppés dans des sac poubelles bien épais !)
  • 1 matelas en mousse à 20$ coupé en deux, juste assez pour poser les épaules et les fesses
  • 1 galon d’eau par jour et par personne. Chaque bouteille a été renforcé par un peu de stock « gorilla tape » pour éviter d’inonder les sacs
  • des lyophilisés (on s’est fait avoir par les images alléchantes sur le paquet, pensant que se serait meilleur outre-atlantique, mais non). Avec le recul, on prendrait plutôt des plats déjà préparés (comme des pâtes), plus lourds certes mais meilleurs et comme de toutes manière il faut aussi porter les 600ml d’eau nécessaire aux lyophilisés…
  • 4 à 5 barres de céréales par jour et par personne
  • thé/café
  • 1 réchaud jetboil
  • du porridge pour le matin avec du lait en poudre
  • 2 doudounes
  • 2 vestes gore-tex
  • 2 collants chauds pour la nuits
  • 2 bonnets
  • 2 paires de chaussures

Nous avons bivouaqué à Dolt Tower (grand palace!) puis à Camp 5 (beaucoup moins grand palace…). Nous voulions atteindre Camp 6, plus spacieux (et plus plat !) mais il faisait déjà nuit à Camp 5 et le 5.12 juste après le camp n’est franchement pas donné, surtout de nuit (au petit déjeuné non plus…).

Le bivi à Sickle Ledge semble très inconfortable, tout comme à Camp 4 (sans portaledge, bien sûr).